Un peu d'histoire |
La
signature
chez Virgin
Les circonstances | Le contrat | La réaction dans le milieu alternatif |
Octobre
1988
: sous la demande de Manu Chao, Bernard Batzen, qui a
monté sa propre société un mois plus
tôt, devient le manager du groupe. Après les avoir
convaincus de s'inscrire à l'ANPE (seul moyen pour un
musicien d'être considéré comme
professionnel, puisqu'il devient alors intermittent du
spectacle), il
leur conseille de construire leur propre société.
Ainsi naît la SARL Patchanka, dont les
actionnaires sont les 7 musiciens (Manu, Santi, Tonio, Daniel,
Jo, Philippe et Tom), l'ingénieur du son Tomasin et le roadie
Jako.
Les parts de la société ne sont pas partagées en
parts égales mais ce n'est pas vécu comme une injustice :
"pour l'époque, c'était déjà très
bien d'avoir monté une société" (commentaire de Jo
Dahan, 2009).
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Grâce à Batzen, Mano Negra enchaîne les concerts. Le groupe voit alors sa notoriété augmenter ; les articles dans la presse se multiplient et les majors du disque commencent à s'y intéresser. Il devient évident que Boucheries Productions ne peut plus assumer techniquement, logistiquement et financièrement...
La question de signer chez une major se pose alors, entraînant également celle, plus générale, de l'avenir du mouvement alternatif et de l'indépendance des groupes.
Batzen épluche les contrats pour le groupe : il s'avère que si Virgin n'est pas la maison de disques qui propose le plus d'argent, elle est celle qui offre le plus d'autonomie. A l'époque, c'est en fait plus "un gros indépendant qu'un major" (Tom Darnal, NyarkNyark 1986-89).
Le contrat est
exceptionnel. Grâce
à une petite clause sous chaque paragraphe : "Avec
l'accord de l'artiste", Mano Negra garde toute sa
liberté, et décide : Pour décider définitivement, Mano Negra procède à un vote : à une voix près, la majorité pour la signature l'emporte. |
La réaction dans le milieu alternatif
Pour La Souris Déglinguée, ce sont des vendus ; pour les Béruriers Noirs, Manu et ses "requins de studio" sont des "pourris". Tous hurlent à la trahison. Les ex-Casse-Pieds se sentent un peu visés : mais qui trahissent-ils ? Ils n'ont rien promis à personne ! Santi considère simplement qu'ils se servent du système.
Le groupe Pigalle, mené par François Hadji-Lazaro, offrira une réponse sous forme de chanson nostalgique sur l'album Regards Affligés Sur La Morne Et Pitoyable Existence De... Dans sa chanson CHEZ RASCAL ET RONAN, le groupe se souvient de l'époque où il jouait dans les bars avec ses potes des Wampas et les autres. Sans jamais citer Mano Negra, on peut pourtant reconnaitre l'épisode dans les paroles :
<<
Alors,
ils sont arrivés ceux qui attendaient
A grands coups de dollars et de fric
Derrière leurs bureaux, ils parlaient d’avenir,
De rendements, de carrières, de top et de cible
Comment donc ont ils fait pour vous convertir
Vous qui étiez si incorruptibles
Chez
Rascal et Ronan, c’était comme au bal
Pourquoi vous tous qui veniez là
Vous avez changé, vous avez renié
Tout ce qui nous faisait rêver
Je disais encore à Pierrot Sapu
Ce qui a été n’est plus, ça
pue >>
Peu
après la Mano, Les Négresses
Vertes puis une dizaine de groupes signeront. Pour les
Bérus, pourtant très courtisés par les
maisons de disques, cela demeure inconcevable : ils choisiront de
mettre fin à leur groupe pendant 3 concerts à
l'Olympia (les 9, 10 et 11 Novembre 1989).
C'est à cette époque que les majors ont commencé à créer des "vrais faux" petits labels qu'elles gèrent. A noter que le label "Off The Track" des Négresses Vertes existait déjà lors de la signature de Mano Negra chez Virgin.
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